Saint-Gobain veut devenir « un leader mondial de la construction durable »
Ce jeudi 7 octobre, le distributeur Saint-Gobain présentait sa feuille de route stratégique pour les quatre prochaines années. Appelé « Grow and Impact », ce programme est placé sous le signe de la durabilité, avec plusieurs angles d’attaque : responsabilité ESG, relation client à travers le monde, innovation et numérique.
Et Saint-Gobain ne fait pas figure d’exception, car le distributeur compte faire reculer de deux tiers ses activités émettrices. D’un côté, en proposant des matériaux plus durables lors de la construction, tels que les ossatures légères. De l’autre en favorisant l’optimisation d’usage du bâti, par la mise en avant des matières d’isolants plus économes en énergie.
Avec 72 % de ventes concentrées sur les produits durables, Saint-Gobain souhaiterait atteindre les 75 % d’ici à 2025. Une vision à court terme, afin de mieux jalonner le parcours du distributeur vers la neutralité carbone et qui s’applique également sur sa croissance économique. Le taux de celle-ci devrait osciller entre 3 et 5 % dans quatre ans, selon les estimations de Sreedhar Natarajan, directeur financier de Saint-Gobain. Ce dernier a évoqué d’autres évolutions sur la même période, dont la réalisation d’une marge de 9 à 11 % comme d’une conversion de flux de trésorerie à plus de 50 %.
Par exemple, en Amérique du Nord, on privilégie la construction neuve de maisons individuelles, là où la France préfère la rénovation. Si au Pays-Bas, on cherche à rénover écoles et hôpitaux, l’Inde, elle, souhaite construire de nouveaux bureaux. Une demande que Saint-Gobain se dit fier de bien appréhender grâce à ses directeurs de région, qui sont à 90 % natifs de la zone géographique qu’ils supervisent. Chose qui permet une meilleure relation de proximité avec le client, qu’il soit particulier ou professionnel, mais aussi avec les salariés du groupe, dont le taux d’engagement est de 92 %.
L’intéressée aborde en premier lieu le futur de la logique de décarbonation, déjà bien engagée, car 50 % de consommations de matières premières sont évitées grâce aux ossatures légères. Les perturbations de confort acoustique ont été également divisées par deux grâce aux produits de Saint-Gobain, tandis que les solutions d’isolation par l’extérieur permettent d’économiser jusqu’à 70 % d’énergie. La participation de Saint-Gobain à l’éco-organisme Valobat pour le recyclage des déchets, notamment de la gypse, recyclable à 100 %, contribue aussi au principe d’économie circulaire.
« Toutes les solutions que nous avons vendues en 2020, permettront à nos clients d’économiser 1300 millions de tonnes de CO2, et ça représente 40 fois les émissions de Saint-Gobain en 2020 », déclare Claire Pedini. Un effort poursuivi par des investissements dans les turbines de production de vitrage pour économiser 15 % d’énergie ou le doublement de la part d’énergies vertes dans les moyens de production.
Sans compter les mesures déjà déployées pour la responsabilité sociale de l’entreprise, en particulier le développement d’indicateurs de bruit en usine, d’un programme bien-être mental ou bien l’attention portée aux risques de manutention. Une politique d’entreprise qui aurait porté ses fruits, car 82 % des sites n’enregistrent aucun accident et 84 % des employés de Saint-Gobain recommandent de travailler dans le groupe.
L’innovation passe aussi par le déploiement de solutions numériques d’exploitation de données pour la vente en ligne, ou de réalité augmentée, afin de faire gagner en efficacité les produits. Ces moyens devraient notamment augmenter de 30 % les revenus associés à la vente de matériel, réduire de 30 % le temps d’installation voire réduire de 20 % la production de déchets, d’après Ursula Soritsch-Renier, directrice du digital à Saint-Gobain.
Malgré ces belles ambitions, on s’interroge sur leur faisabilité, en vue des crises qui secouent le monde de la construction, en particulier hexagonal, aggravées par la situation sanitaire. On retient notamment la pénurie de main d’œuvre, point sur lequel Benoît Bazin rassure en annonçant 5 000 embauches à Saint-Gobain en France, dont 2 500 jeunes, parmi lesquels 2 000 contrats d’alternance sont prévus.
Et en ce qui concerne la pénurie des matériaux ? Le directeur général de Saint-Gobain admet que s’il y a bien eu triplage des ruptures de stocks et un allongement des délais de livraison à trois-quatre semaines. Ces problèmes se résorbent « petit à petit », d’autant que « nos produits voyagent peu et que nos usines sont locales, on n’est pas dépendants de produits qui seraient fabriqués en Chine, au Vietnam, en Thaïlande » affirme-t-il.
Autant dire que ces crises ne devraient empêcher Saint-Gobain de devenir « un leader mondial de la construction durable », soutient Benoît Bazin.
Source : Batiweb Virginie Kroun